Réformer les entreprises d'État

Jeudi 04 septembre 2014

China Analysis n°50 (août 2014)

Auteurs : Agatha Kratz - Marc Julienne - Jean-François Di Meglio - Antoine Bondaz - Hugo Winckler - Camille Boullenois - Hongmei Ma

Tags : Système politique - Politiques économiques - Corée - Chine - Affaires étrangères

Ce numéro, le cinquantième de China Analysis, constitue en quelque sorte un anniversaire pour notre revue. Elle est publiée depuis septembre 2005, et prenait alors le relais de Nouvelles de Chine, “bulletin électronique” publié à l’Institut Français des Relations Internationales depuis novembre 2002 (17 numéros sont parus sous cet égide jusqu’en juillet 2005). A partir de 2008, la coopération entre Asia Centre et le Conseil Européen des relations internationales (ECFR) a permis la parution simultanée d’une version en langue anglaise, ciblée vers les décideurs européens.
Douze ans donc de suivi des sources en langue chinoise – RPC, Hong Kong et Taiwan – pour tenter d’expliciter à la fois les intentions et les débats chinois en politique intérieure comme dans l’économie et les relations internationales. Un parti pris difficile – tant les raccourcis par la langue anglaise sont nombreux, et tant les contraintes de l’expression écrite et publique en Chine peuvent sembler interdire les débats à ciel ouvert. La revue n’a jamais prétendu le contraire, mais a voulu être un miroir le long du chemin chinois. La règle proposée à ses collaborateurs et auteurs – dont nous reparlons plus bas – était de solliciter le plus possible des textes parfois peu explicites (la “langue de bois” si célèbre) et d’en extraire le plus révélateur – sans jamais juger ou éditorialiser. L’objectif était – et reste – de mieux comprendre la sphère publique chinoise, ses aléas comme ses décisions, et en ce sens China Analysis est une revue profondément politique : elle n’a jamais pris le tournant des media sociaux, la gigantesque toile chinoise, ses activistes et ses emportements. Question de moyens bien sûr, mais aussi question de finalité. Là où beaucoup croyaient qu’en Chine le politique se dissoudrait dans l’économie de marché ou dans la société, le régime chinois, quoiqu’on en pense, est sans doute de tous les grands pays celui qui a le plus de pouvoir à l’intérieur – et désormais, un poids international certain, même si ses limites exactes restent un objet de débat.
De 2002 à 2014, tout n’a pas changé en Chine. L’équilibre du pouvoir au sommet, l’essor de la puissance maritime chinoise, la question du statut du yuan, la création d’une commission “indépendante” pour gouverner les entreprises d’État (c’était la Sasac, dont il est encore question sous le même angle dans ce numéro 50 de China Analysis !) sont présents dès les premiers numéros. D’autres sont nouveaux ou au premier plan aujourd’hui : par exemple, l’ampleur de la sphère financière, qu’évoquent dans ce numéro 50 Jean-François Di Meglio et Agatha Kratz. La couverture qu’offre China Analysis a toujours des déficiences, qui reflètent tout simplement ce qui n’apparaît pas dans les publications chinoises : au premier rang, les droits de l’homme, même si China Analysis a souvent traité en profondeur les débats légaux et des visions chinoises de la démocratie chez les autres.
Comment China Analysis a-t-il perduré, dans sa formule originale et au milieu d’un flot médiatique sans précédent sur l’actualité chinoise ? Avant tout par l’incroyable dévouement d’auteurs et de responsables éditoriaux successifs. Commençons par ces derniers, tous jeunes et qui ont fait leur chemin. Christile Druhle, entrée par la suite en diplomatie, Michal Meidan, consultante internationale sur l’énergie, Mathieu Duchâtel, représentant du Sipri (Stockholm International Peace Research Institute) à Pékin, Jérôme Doyon, jeune chercheur à l’université Columbia, et aujourd’hui Agatha Kratz. Mais avec eux, de nombreux jeunes auteurs, trop nombreux pour être tous cités, ont aussi fourni un travail irremplaçable. Qu’ils en soient tous remerciés aujourd’hui, ainsi que quelques experts confirmés qui nous ont apporté leur aide. China Analysis est unique en Europe – mais l’Europe a bien sûr beaucoup de publications sur la Chine contemporaine, avec une multiplication des centres par rapport à il y a douze ans. La plupart de ceux-ci ne sont pas en France, et nous ne ferons pas ici la chronique des occasions manquées. Mais ce qui donne confiance dans l’avenir, c’est que la France reste une pépinière de jeunes chercheurs, curieux, globe-trotters, indépendants et passionnés pour les affaires publiques. Si China Analysis permet à certains de publier leurs analyses et d’apporter une compréhension en profondeur du politique en Chine, c’est déjà un beau succès.

Telecharger la publication

Acheter Imprimer

Facebook Twitter Delicious Linked in

 

Sommaire

Dossier

  • 1. Vers une tutelle autonome de la Sasac (Camille Boullenois)
  • 2. Le rôle de la lutte contre la corruption (Camille Liffran)
  • 3. Comment lutter contre la surcapacité dans les entreprises d'Etat chinoises ? (Agatha Kratz)
  • 4. Investissements internationaux des entreprises d'Etat chinoises : vers un nouveau régime ? (Ma Hongmei)

Repères

  • 5. La protection des ressortissants chinois à l'étranger (Marc Julienne)
  • 6. La relance ciblée : empirisme économique, entre croissance et réformes (Jean-François Di Meglio)
  • 7. Chine et Corée du Sud : un rapprochement qui isole le Japon (Antoine Bondaz)
  • 8. La coopération énergétique dans les relations sino-russes (Apolline Blandin)
  • 9. Créer un espace légal pour la finance en ligne : l'exemple du P2P (Agatha Kratz)

Décalage

  • 10. La fièvre des études classiques chez les hommes d'affaires chinois (Hugo Winckler)

 

Informations :

Ce numéro est disponible sous forme de revue brochée en vente sur cette page, et en version électronique en téléchargement.

GoRSS

S'inscrire à la Newsletter

S'inscrire
ESPACE utilisateur

Asia centre

Asia Centre Fondé en août 2005 par François Godement et une équipe de chercheurs et experts de l’Asie contemporaine, Asia Centre a pour objectif de conduire des recherches sur l’Asie contemporaine, d'organiser des débats et de valoriser, par des publications, les résultats de ces recherches et rencontres.